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L’AUTOMNE




L’Automne va céder à l’Hiver, et, bientôt, les derniers rayons de novembre s’éteindront avec mélancolie.

Douce et féconde saison, ô déesse ! déjà les pampres de ta chevelure se délient et la belle grappe de raisin que lève ta dextre s’égrène à tes pieds. Les présents que tu offres aux mortels n’envahissent plus tes corbeilles et les cris joyeux de la vendange ont cessé de retentir autour de la cuve. Tes satyres et tes faunes regagneront leurs antres, et tes nymphes aux blanches épaules quitteront les bords des ruisseaux où elles aimaient à nouer des danses harmonieuses. Une fois encore ta tunique couleur de feuilles de vigne s’est fanée. Nous n’irons plus rêver dans les bois profonds, un livre à la main ; nous nous accouderons près de l’âtre et sous la lampe.