Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/220

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qu’un fils, pensant venger ton amour adultère,
a souillé de ton sang la terre nourricière.
Au séjour de Minos et d’Eaque inflexibles,
ô femme, tu n’as plus tes membres corruptibles,
ces yeux porte-lumière et l’épais de ces tresses,
ces délicates mains, délices des caresses.
Maintenant de l’amour ta tendresse divine
décrirait un vain cercle autour de ta poitrine.
Mais du bras d’Alcméon la parricide offense
trouve tangible encor ta trompeuse apparence.
Ainsi frappe le coin une yeuse abattue
au profond des forêts pour former la charrue.
Hélas ! Mortels, fuyez comme un port dangereux
les perfides conseils d’un soin ambitieux.
Que diverse est la chance et l’attente peu sûre,
alors que nous passons la commune mesure !
D’un cœur jamais surpris la sage volonté
ressemble ce beau char qu’un bras adextre guide,
mais l’aveugle courroux, comme un taureau stupide,
souvent manque le but et s’élance à côté.