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réflexions sur quelques poètes

Pour bien savoir avec l’esguille peindre
J’eusse entrepris la renommée esteindre
De celle-là, qui plus docte que sage,
Avec Pallas comparait son ouvrage.

Adextre à manier les armes et à dompter un fier coursier, elle était semblable aux antiques amazones et à ces belliqueuses damoiselles immortalisées par l’Arioste :

Qui m’eust vu lors en armes fiere aller,
Porter la lance et bois faire voler,
Le devoir faire en l’estour furieus.
Piquer, volter le cheval glorieus.
Pour Bradamante ou la haute Marphise,
Sœur de Roger, il m’eust, possible, prise.

Louise Labé était en outre excellente musicienne et aussi docte que le furent Christine de Pisan et Marguerite d’Angoulême, la reine de Navarre.

Mais l’amour ne tarda point à avoir son tour :

Mais quoy ? Amour ne peut longuement voir
Mon cœur n’aymant que Mars et le savoir :
Et me voulant donner autre souci,
En souriant, il me disait ainsi :
Tu penses donq, ô Lyonnaise Dame,
Pouvoir fuir par ce moyen ma flamme :