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louise labé

Martiale et rompue aux armes et à l’équitation, au point d’être surnommée le capitaine Loys, Amour lui avait fait quitter les étriers au premier coup de lance.

Elle entrait cependant en lice fort avantageusement, s’il faut en croire l’auteur des Louenges de Dame Louïze Labé, Lionnaize :

Louise ainsi furieuse
En laissant les habiz mols
Des femmes, et envieuse
De bruit, par les Espagnols
Souvent courut, en grand’noise,
Et maint assaut leur donna,
Quand la jeunesse Françoise
Perpignan environna.
Là sa force elle desploye,
Là de sa lance elle ploye
Le plus hardi assaillant,
Et brave dessus la selle
Ne démontroit rien en elle
Que d’un chevalier vaillant.
Ores la forte guerrière
Tournoit son destrier en rond,
Ores en une carrière
Essayoit s’il estoit pront :
Branlant en flots son panache.
Soit quand elle se jouoit
D’une pique, ou d’une hache,
Chacun prince la louoit :
Puis ayant à la senestre
L’espée ceinte, à la destre