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Page:Moréri - Grand dictionnaire historique, 1716 - vol. 1.djvu/394

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BAR.BAR.

tion, par laquelle ce Prince faiſoit connoître que la Maîſon de Barclai étoit noble & ancienne, & qu’elle avoit des alliances dans les plus illuſtres de cet État. Ces Lettres ſont dattées du 28. Mars 1582. Son mariage fut béni du Ciel, par la naiſſance d’un fils dont je parlerai dans la ſuite. Depuis, Guillaume Barclai ayant ſû en 1603. que le Roi Jaques avoit ſuccedé à la Couronne d’Angleterre à la Reine Elizabeth, il paſſa avec ſa famille à Londres, eſperant que ce changement de regne en aporteroit dans les affaires de la Religion. Les Proteſtans n’y vouloient pas ſouffrir les Catholiques, & Barclai étoit trop bon Catholique, pour le pouvoir long-tems cacher. Le Roi le reçût avec bonté, & le fit même ſon Conſeiller d’État ; mais ayant plus de vertu que d’ambition, il retourna en France. On lui fit avoir la première Chaire de Profeſſeur Royal dans l’Univerſité d’Angers, où il mourut vers l’an 1605. Il a écrit divers Ouvrges : De poteſtate Papa. De regno & regali poteſtate adverſus Monarchomachas. In titulos Pandectarum de rebus creditis & de Jurejurando. * Philippe Thomaſin, in vit. doct. Janus Nicius Erythræus, Pimac. III. imag. illuſt. Lorenzo Craſſo, elog. d’Huom. Letter. P. II. &c.

BARCLAY, (Jean) fils de Guillaume, naquit en France, lorſque fon père y étoit Profeſſeur en Droit. Il l’éleva avec beaucoup de ſoin, & trouva en lui de ſi belles inclinations pour les Lettres, qu’elles ſurpaſſoient les ſouhaits de ce bon père. Auſſi l’ayant mené avec lui en 1603. dans le voyage qu’il fit en Angleterre, y publia un ſi beau Poëme ſur le couronnement du Roi Jaques, que ce Prince en étant charmé voulut retenir ce jeune homme dans ſa Cour. Mais Guillaume Barclai craignant que les ſentimens des Proteſtans ne fiſſent trop d’impreſſion ſur l’eſprit de ſon fils, le ramena avec lui en France. Après la mort de ce ſavant Juriſconfulte, Jean Barclai retourna en Angleterre, où le Roi Jaques lui donna des emplois conſidérables. On dit même que Barclai eut beaucoup de part à un Ouvrage que ce Prince publia & qui eſt intitulé : Funiculus triplex & Cuniculus triplex. Ce qui a perſuadé à divers Auteurs que ſes ſentimens n’étoient point auſſi orthodoxes, que ceux de ſon père. Il aſſûre pourtant qu’ils ont été toujours très-purs, & que la fréquentation des Proteſtans ne devint point contagieuſe à ſa créance. Quoi qu’il en ſoit, Barclai s’étant formé ſur le ſtile de Pétrone compoſa alors ſon Satiricon Euphermionis en II. Livres, qui lui aquit beaucoup de réputation. Mais n’étant pas ſatiſfait en Angleterre, ſoit que ce fût par un principe de conſcience, ou par mécontentement, il revint en France, & de là il paſſa à Rome ſous le Pontificat du Pape Paul V. Sa réputation l’avoit devancé dans cette ville, & il trouva d’abord d’illuſtres protecteurs, & entre autres le Cardinal Maffée Barberin, qui fut depuis Pape ſous le nom d’Urbain VIII. Paul V. lui fit du bien, ce que Grégoire XV. ſon ſucceſſeur continua. Cependant Barclai étoit extremement particulier & mélancolique. Il avoit un beau jardin dans la maiſon, & s’y occupoit l’après-midi à cultiver des fleurs. Il paſſoit le matin dans ſon cabinet, & ne voyoit preſque perſonne. Ce fut en ce tems qu’il publia ſa Parœneſis ad Sectarios ; mais comme cette ſorte d’occupation doit être celle d’un Théologien, Barclai, qui ne l’étoit point, n’y reüſſit pas trop bien. Il aquit plus de gloire par ſon Argenis. Il avoit publié à Londres un Traité intitulé Icon animorum, & un Recueuil de Poëſies en III. Livres. On attendoit d’autres pièces de ſa façon, quand il mourut de la pierre, le 12 Août de l’an 1621. Barclai s’étoit marié à Paris & il laiſſa un fils à qui le Pape Urbain III. donna depuis des bénéfices & des emplois conſiderables. * Imperialis, in Muſœo Hiſtor. Thomaſin, in vit. illuſt. viror. Lorenzo Craſſo, elog. d’Huom. Letter. Janus Nicius Erythræeus, Pin. III. Imag. illuſt. c. 17. &c. [Cet article a été retouché ſur la Critique de M. Bayle.]

BAR-COCHAB, ou Bar-cochebas, ou Ben-cochab, fameux impoſteur qui ſe diſoit le Meſſie, du tems que l’Empereur Adrien fit rebâtir la ville de Jeruſalem, en 132. Ce nom ſignifie en Hebreu, enfant de l’étoile : & il le prit, faiſant alluſion à la prophetie qui dit, qu’une étoile naîtra de Jacob, orietur ſtella ex Jacob, (Num. 27.) Il fortifia la ville de Bethoron, entre Ceſarée & Dioſpolis, & ſe rendit maître de 50. Fortereſſes de la Judée, & de 980. villages ; exerçant mille cruautez contre les Chrétiens. Il eut un grand nombre de Sectateurs, à la faveur d’Akiba, célebre Rabbin qui l’autoriſoit ; & il fut Chef des Juifs, qui cherchoient tous les moyens de ſe revolter, parce qu’ils ne pouvoient ſouffrir les abominations qu’ils voyoient dans leur ville : car l’Empereur Adrien y avoit élevé un Temple à Jupiter, dans le lieu où étoit auparavant le Temple du vrai Dieu, bâti par Salomon : il avoit mis ſa ſtatuë dans le lieu appellé le Saint des Saints : il avoit dédié un Temple à Venus, ſur le Sépulcre de Jesus-Christ, & ſur la Creche de Bethléem. Adrien envoya Julius Servus avec une puiſſante armée pour appaiſer cette ſedition, & vint enſuite lui-même aſſieger Bethoron, qu’il prit après trois ans & demi de ſiege. Ben-cochab y fut tué, &c les Thalmudiſtes rapportent qu’en le cherchant parmi les morts on vit un gros ſerpent entortillé autour de ſon cou. La puiſſance des Juifs fut entièrement abatuë dans cette dernière guerre, car il y en eut environ cinq cens quatre-vingts mille de tuez, outre une infinité d’autres qui périrent par la faim, la maladie, & le feu. Ben-cochab fut depuis appelé Bar-cozbah, c’eſt-à-dire, fils de menſonge. * Chriſtian. Matthias, in Æl. Adriano. P. Pezron. Antiquité des Tems. SUP.

BARCSHIRE ou Barkshire, Bercheria, petite Province d’Angleterre avec titre de Comté. Elle eſt le long de la Tamiſe vers Oxfort.

BARD, (Pierre) natif du Dioceſe de Tournai en Flandres, Religieux de l’Ordre des Celeſtins, fut fort aimé du Roi Louis XII. qui ſe ſervoit de ſon conſeil, & ſe confeſſoit même à lui. Ce Prince lui offrit un Évêché, que le P. Bard refuſa par un ſentiment d’humilité. Le Cardinal d’Amboiſe, & pluſieurs personnes illuſtres le conſidererent beaucoup, à cauſe de ſa ſcience & de ſes vertus. Après avoir été Provincial Général de ſon Ordre, il mourut à Paris l’an 1535. en réputation de ſainteté. * Hiſtoire des Celeſtins, Mſ. in Biblioth. Paris. SUP.

BARDANES, qu’on ſurnomma le Turc, étoit Général des troupes de l’Empire d’Orient, & voulut ſe mettre ſur le throne ſous l’Empire d’Irène. On dit qu’un Solitaire lui conſeilla de changer de deſſein, & de ne perſiſter plus dans une penſée, qui lui coûteroit les biens & les yeux. Nonobſtant cela, Bardanes fut proclamé Empereur par l’armée qu’il commandoit ; mais comme il ſavoit que Nicephore Patrice & Intendant des Finances s’étoit déjà mis la couronne ſur la tête, il refuſa cet honneur & fut même ſe confiner dans un Monaſtere, où le même Nicephore lui fit crever les yeux vers l’an 803. craignant qu’il ne ſe repentît d’avoir refuſé l’Empire. * Théophanes, Miſc. li. 24. c. 25. Cedrene, in Nic.

BARDANES. Cherchez Philippicus Bardanes.

BARDAS, Patrice de Conſtantinople dans le IX. Siècle. Il fut fait Céſar en 854. par l’Empereur Michel III. ſurnommé le Beuveur, qui étoit fils de ſa ſœur Théodore, Princeſſe de grande pieté. Bardas, qui étoit impie, conſeilla à ce Prince de chaſſer ſa mere ; ce qu’il fit, & le porta à toute ſorte de crimes & de débauches. Son exemple l’y pouſſoit encore davantage, car Bardas chaſſa ſon épouſe légitime, en prit une qui ne l’étoit pas, & menoit une vie ſcandaleule. Auſſi ſaint Ignace Patriarche de Conſtantinople l’en reprit avec ſeverité, & lui réfuſa même l’entrée de l’Égliſe un jour des Rois. C’eſt ce qui fut la cauſe de l’exil de ce grand Prélat, que Bardas fit traiter de la manière du monde la plus ignominieuſe & la plus cruelle, ſans reſpect pour ſon caractere, & pour ſon mérite. Pour s’en mieux venger, il fit mettre Photius Laïque ſur le Siége de S. Ignace, & par cet attentat il fut la ſource malheureuſe du Schiſme de l’Égliſe Gréque. Quelques Auteurs ont écrit que S. Pierre les larmes aux yeux le fit voir à cet impie, & qu’il le menaça de la juſtice du Ciel. Et en effet, Michel ſon néveu, qui l’avoit élevé à la dignité de Céſar, le fit aſſaſſiner l’an 866. * Curopalate, Zonaras, Nicetas, & Glicas.

BARDAS, Arménien de nation qui n’a été conſiderable que pour avoir été le père de l’Empereur Léon l’Arménien.

BARDAS, dont il eſt parlé dans la vie de S. Théodore Studite, qui étoit proche parent de l’Empereur Léon l’Arménien & commandoit une armée en Orient. C’étoit un ſcélerat, qui perſecutoit les Catholiques, de qui ſouſcrivoit à tous les fentimens des Iconomaques. Vers l’an 818, il ſe trouva malade à l’extrémité dans Smyrne, où le même Théodore étoit priſonnier pour avoir parlé courageuſement en faveur des ſaintes images. Un Catholique domeſtique de Bardas lui conſeilla d’avoir recours aux prières de ce ſaint homme. Bardas le fit, & promit de renoncer à ſes erreurs. Sur cette promeſſe, Théodore lui obtint la ſanté. Mais étant retombé dans ſes erreurs, il ſe vit attaqué du même mal qu’il avoit auparavant, & mourut en un inſtant. * Michel Studita, in vita Theod.

BARDAS, dit Sclere, Empereur, qui étant Capitaine ſous Jean Zimiſces aquit beaucoup de réputation. Il étoit ambitieux, hardi, & entreprenant. Après la mort du même Jean en 975 il crût qu’il ne lui ſeroit pas difficile de s’élever contre Baſile II. & Conſtantin le Jeune Porphyrogenete. Et en effet, quelque tems après, ayant fait ſon parti & pris des meſures pour reüſſir dans ſes deſſeins, il ſe fit proclamer Empereur par les troupes. Baſile II. quoique jeune, donna des ordres, pour ruiner les prétentions de cet ambitieux, & fit partir Phocas pour le combattre. Ce dernier, qui n’étoit pas moins ambitieux, défit Bardas vers l’an 886. & quelque tems après ſe révolta lui-même, comme je le dis ailleurs. * Curopalate, Zonaras, &c.

BARDAXI, (Ibandus) Juriſconſulte d’Aragon vers l’an 1590. qui eſt le même qui a compoſé Commentaria in Fœros Aragoniœ, &c Conſultez les Auteurs citez après Joſeph Bardaxi.

BARDAXI, (Joſeph) natif de Saragoſſe en Eſpagne, Religieux de l’Ordre des Carmes, a exercé l’Office de Théologal dans l’Égliſe Cathédrale de Gironne, & a fait imprimer des Sermons de ſa façon. Il eſt mort en 1616. * Vincenzio Blaſco de Lanuza, Hiſt. Eccl. Arag. li. 5. c. 44. Nicolas Antonio, Bibl. Hiſp.

BARDES, Poëtes & Muſiciens des anciens Gaulois. Ils compoſoient des Vers à la louange des perſonnes illuſtres ; & on dit qu’ils furent ainsi nommez de Bardus I. cinquième Roi des Gaules, qui s’adonnoit avec plaiſir à cet exercice. Diodore de Sicile ajoute qu’ils étoient en ſi grande vénération parmi le peuple, que leur chant arrêtoit la fureur des gens de guerre. On croit que ces Bardes habitoient ſur cette montagne du païs Auxois en Bourgogne, qu’on appelle encore Mont-Bard ou Mont-Barri, & en Latin, Mons-Bardorum. * Beroſe, ſuppoſé par Annius de Viterbe, li. 6. Ammian Marcellin, li. 15. Strabon, li. 4. Diodore, li. 5. Chaſſanée, in Catal. gloriœ Mundi, part. 12. Dupleix, aux Mem. des Gaules, li. 1. c. 16.

BARDESANES, Heréſiarque Syrien, vivoit en Meſopotamie, dans le II. Siécle. Il fut d’abord diſciple de Valentin ; mais enſuite détrompé des imaginations de cet Heréſiarque, il écrivit non ſeulement contre lui, mais encore contre les Marcionites & les autres Sectes de ſon tems. Mais depuis il tomba malheureuſement dans les mêmes erreurs, qu’il avoit réfutées. S. Épiphane le compare à un navire chargé de marchandiſes précieuſes, lequel après avoir fait un heureux voyage, échouë au port. Apollonius de Chalcedoine, qui étoit Maître de Marc-Aurele en Philoſophie & le premier entre les Stoïciens de ſon tems, fit tout ce qu’il pût pour faire apoſtaſier Bardéſanes, qui-réſiſta courageuſement à ſes ſollicitations, & compoſa même divers Traitez pour défendre la doctrine, qu’on lui vouloit faire abandonner. S. Jérôme admire un Ouvrage, qu’il avoit compoſé contre Abydas Aſtronome, de la Destinée, & qu’il avoit