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BAR.BAR.

dédié à Marc-Antonin. Mais la fin ne répondit pas à ces beaux commencemens. Outre les erreurs de Valentin, qu’il défendit ſur la fin de ſa vie, il enſeigna que les morts ne reſſuſciteroient point. Il laiſſa des Sectateurs nommez Bardéſaniſtes, qui inventèrent de nouvelles erreurs ; & un fils appelle Hermonius, qui compoſa pluſieurs Livres que S. Ephrem d’Édeſſe a réfutez. * S. Jerôme In Cat. c. 33. Euſebe, Hiſt. li. 4. c. ult. S. Épiphane, hœr. 56. S. Auguſtin, de hœr. c. 35. Baronius, A. C. 175.

BARDESANES, de Babylone, a vécu dans le III. Siècle. Il compoſa du tems d’Alexandre Severe un Traité des Brachmanes & des Gymnoſophiſtes, Philoſophes des Indiens. * Porphyre, li. 4. de abſtin. S. Jérôme, li. 2. adver. Jovini.

BARDESEY. Cherchez Andro.

BARDIN, (Pierre) de l’Academie Françoiſe, naquit l’an 1590, dans la ville de Rouen, Capitale de la Normandie, de parens qui le laiſſerent plus avantageuſement partagé des biens de l’eſprit, que de ceux de la fortune. Il fit ſes premières études chez les Jeſuites, Et dès ce tems-là ſes Maîtres jugèrent qu’il feroit un homme extraordinaire ; mais ſes actions & ſes ouvrages firent connoître depuis, que l’on n’avoit pas conçû d’aſſez hautes eſperances de lui. Il ne voulut pas étudier pour devenir ſavant, mais pour être plus honnête homme, & il ſongea moins à enrichir ſa mémoire, qu’à polir ſa raiſon, & à régler ſes mœurs. Il étoit propre à toutes les diſciplines, mais il s’adonna particulièrement à la Philoſophie & aux Mathématiques, avec un ſuccès qui le fit admirer des plus habiles. Après avoir ramaſſé les plus belles penſées des Auteurs ſacrez & profanes, il crût qu’il devoit en faire part au public. Il conſacra ſon premier ouvrage à la gloire de Dieu, par la Paraphraſe de l’Eccleſiaſte, qu’il compoſa, & à laquelle il donna le nom de Penſées Morales. Cet ouvrage ayant été reçû du Public avec un applaudiſſement général, cela lui donna courage d’en faire un autre, qui fut la première & la ſeconde Partie du Lycée, dans leſquelles formant un honnête homme, il fit ſa peinture ſans y penſer. Il travailloit à la troiſiéme Partie, lorſqu’il perit malheureuſement à l’âge de quarante-deux ans. Il avoit conduit Monſieur d’Humiéres dans ſa jeuneſſe, & depuis il étoit demeuré auprès de lui, pour l’aſſiſter de ſon conſeil dans ſes plus importantes affaires. Voyant ce Seigneur en danger de ſe noyer, il accourut pour le ſecourir, ſans conſiderer le péril où il s’expoſoit ; & dans cet empreſſement il perdit la force & l’haleine, de ſorte qu’il ne pût réſiſter à l’impetuoſité de l’eau, laquelle tournoyant en cet endroit, & y faiſant comme un goufre, l’emporta au fond ſans qu’on le pût fecourir. Huit jours avant ſa mort, il avoit parlé dans l’Académie, & ſon eſprit s’étoit élevé ſi haut, qu’on pouvoit juger dès lors qu’il commençoit à ſe détacher de la terre par quelque préſſentiment ſecret de l’avenir. Monſieur Chapelain, par l’ordre de l’Académie, lui fit cette belle Épitaphe :

Bardin repoſe en paix au creux de ce tombeau :
Un trépas avancé le ravit à la terre :
Le liquide Elément lui déclara la guerre,
Et de ſes plus beaux jours éteignit le flambeau :
Mais ſon eſprit exempt des outrages de l’onde,
S’envola glorieux loin des peines du monde ;
Au Palais immortel de la félicité.
Il eut pour but l’honneur, le ſavoir pour partage ;
Et quand au fond des eaux il fut précipité,
Les vertus avec lui firent toutes naufrage.

Ceux qui ont connu cet Académicien, lui rendent des témoignages fort honorables, & diſent que ſa converſation étoit douce, & qu’il ſavoit ſi bien tempérer la ſeverité de ſa vertu, qu’elle n’étoit fâcheuſe à perſonne. Bien que ſa fortune fût au deſſous de ſon mérite, il la trouva aſſez relevée ; & pour la rendre meilleure, il ne fit aucune de ces diligences ſerviles que la coutume rend preſque honorables. La beauté de ſon eſprit paroît dans celle de ſes penſées & de ſon ſtile, qui peut-être n’a point d’autre défaut que d’être un peu trop diffus. On parle de quelques autres Ouvrages de lui, comme ſont Le Grand Chambellan de France, dédié au Duc de Chevreuſe, & imprimé à Paris chez Du Val, l’an 1613. Un Livre dédié au Roi ; & une Lettre aſſez longue ſur la poſſeſſion des Religieuſes de Loudun. Il avoit réſolu d’intituler ſon Lycée l’Honnête homme, & il ſe plaignoit que Monſieur Faret, à qui il avoit communiqué ſon deſſein, l’avoit prévenu, & s’étoit ſervi de ce titre. * Paul Peliſſon, Hiſtoire de l’Académie Françoiſe. SUP.

BARDUS I. de ce nom, cinquiéme Roi des anciens Gaulois. Il regnoit du tems d’Atalius Roi des Aſſyriens, environ l’an 2140. du Monde. Il aimoit extrêmement la Muſique & la Poëſie, & pour cela il établit des perſonnes qui en faiſoient profeſſion, & qui furent nommez Bardes. Ce ſont ces Poëtes & Muſiciens des Gaulois dont j’ai déjà parlé. Bardus II. autre Roi des Gaulois a vécu long-tems après le premier. Dupleix parle de l’un & de l’autre, dans les Memoires des Gaules, où il cite le Beroſe ſuppoſé par Annius de Viterbe.

BARDUS, (Jérôme) de Florence, Religieux Camaldule, vivoit ſur la fin du XVI. Siècle. Il écrivit une Chronique qu’il finit en 1580.

BAREYT, ville de la Franconie, eſt la réſidence ordinaire du Marquis de Brandebourg, de la branche de Culembach. Elle n’eſt pas grande, mais elle eſt belle & bien bâtie, & dans un fort beau païs de chaſſe. Le Château du Prince eſt commode, & accompagné de tout ce qui peut contribuer aux délices d’une Cour, qui eſt des plus polies d’Allemagne, principalement depuis on ſecond mariage avec la Princeſſe de Wirtemberg. SUP.

BARGATES, fameux Perſan, qui étant comme le grand Chambellan du Mage Smerdès, & ayant en ſon pouvoir toutes les clefs du Palais, donna aiſément entrée aux Conjurez, du nombre deſquels il étoit, dans la chambre du Mage, qu’ils trouvèrent couché avec une de ſes Maîtreſſes. Il avoit auparavant détourné toutes les armes avec leſquelles il auroit pu ſe défendre, & ainſi il leur fut aſé de venir à bout du deſſein qu’ils avoient de s’en défaire. * Cteſias. SUP.

BARGEMON ou Barjamon, Bargemonum & Barjamonum, petite ville de France en Provence, à cinq lieues de la mer, dans le Dioceſe de Frejus & la Viguerie de Draguignan. Ce fut autrefois un des Appanages qu’on donnoit aux cadets de la Maiſon des Comtes de Provence, comme il eſt facile de le prouver par diverſes Chartres que Pierre du Pui avoit tirées des Monaſteres de Cluni, de S. Victor, & d’ailleurs, & qui ſont dans la Bibliothèque du Roi. Le Pape Grégoire VII. fait mention de Bargemon dans une Bulle de 1084. adreſſée à Richard Abbé de S. Victor lez Marſeille, le même qui fut fait Cardinal par Alexandre II. & non pas, comme quelques-uns l’ont crû, à Hugues qui étoit mort en 1080. & qui n’avoit été Abbé que durant trois ou quatre mois. Ce qui témoigne que cette ville eſt aſſez ancienne. Il en eſt auſſi parlé dans une autre bulle de Paſcal II. donnée l’an 1114. à Othon auſſi Abbé du même Monaſtere de S.Victor ; & rapportée par les Sieurs de Sainte Marthe dans le IV. Volume de la France Chrétienne, & par d’autres. Jean de Noſtradamus dans ſon Traité des Poëtes Provençaux parle de Guillaume ou Guillem de Bargemon un des plus galans Poètes de la Cour de Raimond-Beranguier V. du nom Comte de Provence. Il mourut depuis extrêmement âgé vers l’an 1285. dans le Royaume de Naples où il étoit allé pour le ſervice du Roi Charles I. ſon Prince. Bargemon eſt ſituée ſur une colline fertile, couverte de vignes & d’oliviers, & entourée de montagnes. Son nom ſignifie doublement Montagne. Car Barg & Berg veut dire Mont, & le nom de Berger tire ſa ſource de ce mot Celtique. Il y a apparence que ceux qui voulurent expliquer celui de Berg par Mont firent le nom de Bargemon. Quoiqu’il en ſoit, elle eſt célebre par une Image miraculeuſe de Nôtre-Dame de Montaigu, dans une Égliſe ſervie par les Auguſtins Déchauſſez. C’eſt un préſent que fit à ſa patrie le Pere Sebaſtien Gache Religieux du Tiers Ordre de S. François, qui mourut à Lyon le 8. Octobre de l’an 1641. Il avoit aporté cette Image des Païs-Bas, où il avoit été envoyé auprès de l’ Archiducheſſe Claire Eugénie. Le Pere Louïs Silvecane du même Ordre des Auguſtins Déchauſſez a publié l’Hiſtoire de cette Image miraculeuſe.

On joint ordinairement à Bargemon Favas ou Favars, qui fut ruïné par les Sarraſins dans le huitiéme Siècle, au même tems que S. Porcaire Abbé de S. Honoré de Lerins, & ſes Moines furent martyriſez par ces Barbares. Ou plutôt dans le neuviéme Siècle par les courſes que les mêmes Sarraſins faiſoient de leur fortereſſe de Fraxinet, dont Baronius, Sigebert, & Luitprand parlent ſi ſouvent, & qui n’en eſt éloignée que de cinq ou ſix lieuës. Les Hiſtoriens du XVII. Siécle ſont en peine de ſavoir, où étoit cette célèbre retraite des Infideles nommée Fraxinetum ; elle étoit en Provence, dans le Dioceſe de Frejus, près du Golphe de Grimaud & au même lieu qui eſt nommé aujourd’hui la Garde du Frainet, en Latin Guarda Fraxineti. C’eſt un bourg entouré de bois que ceux du païs nomment Maures, pour marquer que ce fut la retraite des Sarraſins, que Guillaume I. Comte de Provence chaſſa entièrement vers l’an 980. auquel il ruïna leur retraite du Fraxinet. Il eſt fait mention de Favas dans les Archives du Monaſtere de Cluni de l’an 1015. du tems que S. Odilon Abbé du même Monaſtere fut appellé à Lerins. Quelques Inſcriptions, & des tombeaux qu’on a trouvez avec les pièces de monnoye, & les vaſes que les Païens mettoient dans les Sépulcres, marquent ſon ancienneté. * Noſtradamus & Bouche, Hiſt. de Prov. Guelnay, Caſſian. Illuſt. li. 2.

BAR-GIORAS, c’eſt-à-dire, fils de Gioras, étoit ce brave & vaillant Capitaine Jean, qui défendoit vigoureuſement la ville de Jeruſalem, lors qu’elle fut aſſiegee par Titus. Ainſi il faut corriger Xiphilin en la vie de Veſpaſien, où il y a Bar-phoras au lieu de Bar-gioras. * Joſeph. SUP.

BAR-HADBSCIABA, Écrivain Syrien, a compoſé, ſelon Ebed Jeſu dans ſon Catalogue, des Diſputes touchant les fauſſes Religions, une Hiſtoire Eccleſiaſtique, & des Commentaires ſur les Pſeaumes & ſur l’Évangile de S. Marc. SUP.

BARI, ville d’Italie dans le Royaume de Naples, avec titre de Duché & Archevêché, qui a pour ſuffragans Bitunto, Malfetta, Giovenazzo, Ruvo, Converſano, Monervivo, Puligano, Lavello, & Bitetti. Elle eſt ſur la mer Adriatique, capitale d’une petite Province dite la Terre de Bari. Les Auteurs Latins l’ont nommée diverſement Barum, Barium, Bario, & Baretum. C’eſt une ville très-ancienne, dont Strabon, Pline, & Ptolomée ont fait mention. Tacite en parle auſſi, & Horace, li. 1. Sat. 5. Bari a été ſoûmiſe aux Romains, & après la décadence de l’Empire elle s’eſt ſouvent vûe au pouvoir des Sarraſins & des autres Barbares. Depuis, les Grecs s’en rendirent les maîtres, & elle ſouffrit beaucoup au commencement de l’onzième Siècle, ſous l’Empire de Baſile. Vers l’an 1009. Meles Duc de Bari fit ſoûlever la Pouille & la Calabre contre les Grecs. Elle a eu enſuite des Ducs particuliers, & a reconnu les Rois de Naples. Ils étoient ſacrez en cette ville, auſſi bien que ceux de Sicile, dans l’Égliſe de S. Nicolas. Le corps de ce S. Évêque de Myre y fut apporté vers l’an 1087. lorſque la Lycie fut ravagée par les Barbares. Bari eſt une jolie ville, bien peuplée, aſſez marchande, & dans un terroir extrêmement fertile. Elle donne ſon nom à la Province dite Terre de Bari, qui fait partie de la Pouille, que les Anciens ont nommée Appulia Peucetia. Cette Province eſt le long du Golphe de Veniſe entre la Terre d’Otrante & la Baſilicate. Outre la ville capitale, elle a Trani, Ruvo, Malfetta, Giovenazzo, Andria, Altamura, &c. *Pline, li. 5. c. 11. Pomponius Mela, li. 2. Tacite, li. 6. Sigebert, in Chron. adan. 1087. Leandre Alberti, Deſcript. Ital. &c.

Conciles de Bari.

Le Pape Urbain II. célebra le I. Octobre de l’an 1098. un Con-