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AVANT-PROPOS

C’est une époque certainement intéressante pour l’histoire de Savoie que les cinquante années du xiiie siècle, 1230 à 1280, durant lesquelles se déroulent les événements multiples et variés que nous allons raconter rapidement. Mais, au lieu de se produire dans le pays même, ou à sa circonférence, ils ont un champ beaucoup plus vaste. C’est bien moins en Savoie et en Piémont que dans l’ancienne Bourgogne et le royaume d’Arles, Suisse romande, Bresse, Lyonnais, Dauphiné, Provence, en Lombardie, en Sicile même, en Flandre, en Gascogne et en Angleterre que nous aurons à les étudier. Ce développement extraordinaire est dû à une cause toute particulière : au nombre des enfants de Thomas Ier de Savoie et de Béatrix de Genève, à leurs qualités physiques et morales. C’est parce qu’ils étaient beaux et forts, prudents en même temps que braves et d’allures chevaleresques, que Guillaume, Thomas, Pierre, Boniface et Philippe, ont agrandi le rôle auquel ils paraissaient destinés; la beauté, l’intelligence, le charme persistant de leurs sœurs Marguerite et Béatrix et des reines filles de celle—ci, facilitèrent grandement leurs ambitions.

Lorsqu’en mars 1233, le comte Thomas Ier mourut, il pensait qu’Amédèe, son fils aîné, règnerait, que le mélancolique Aymon se contenterait du petit apanage