Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/108

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se voit de nouveau bloqué par Serrurier.

Cependant les Autrichiens, dont on ne saurait trop admirer la contenance ou plutôt l’opiniâtreté, ne désespèrent pas, malgré leurs nombreuses défaites, de faire tourner la fortune en leur faveur. Alvinzi et Provera descendent tout à coup du Tyrol à la tête d’une armée nouvelle et nombreuse. Provera se dirige sur Mantoue avec 12.000 hommes ; Alvinzi, avec le gros de l’armée, se met à la poursuite de Joubert, qui se retire sur Rivoli : Bonaparte, qui n’avait que 20.000 hommes disponibles pour livrer bataille, donne ordre à Joubert de tenir ferme à Rivoli, et il va attendre l’ennemi derrière cette position. Le général autrichien, trop confiant dans la supériorité de son armée, en détache une partie sous les ordres du général Lusignan, et il s’engage avec le gros de ses forces dans les vallées de l’Adige et de la Carona, dont le plateau de Rivoli est le nœud. Il s’empare de ce plateau, sur lequel il place 2.000 hommes ; mais au moment où il se croit maître de la division Joubert, il se voit coupé ; le plateau de Rivoli est pris, et ceux qui le gardaient mettent bas les armes. Enfin la colonne de Lusignan vient attaquer l’armée française sur ses derrières : elle est prise presque en entier par Masséna avec son général. Provera et sa division eurent le même sort. Wurmser est repoussé dans Mantoue, et dix-sept jours après, ayant vu détruire sous ses murs les restes de la quatrième armée autrichienne, il se voit dans la nécessité de capituler.

Les batailles de Rivoli et de la Favorite, et la prise de Mantoue, coûtèrent, en trois jours, à l’Autriche, 45.000 hommes tués ou faits prisonniers et 600 bouches à feu.

Le général en chef, pour punir le pays d’avoir enfreint l’armistice de Bologne, lui impose le traité de Tolentino.

En moins de douze mois, à l’âge de 28 ans, Bonaparte a détruit quatre armées autrichiennes, donné à la France une partie du Piémont, fondé deux républiques en Lombardie, conquis toute l’Italie, depuis le Tyrol jusqu’au Tibre, signé des traités avec les souverains du Piémont, de Parme, de Naples, de Rome. Le grand guerrier et le grand politique marchent de front. Toute la France a les yeux sur Bonaparte et ne regarde que lui ; le Directoire, dont il a éclipsé la considération et le pouvoir, l’invite plutôt qu’il ne lui commande, à poursuivre ses conquêtes et à marcher sur la capitale de l’Autriche.

Cette puissance, attérée par la chute de Mantoue et se voyant menacée dans ses propres États, ordonne à l’archiduc Charles d’aller, avec l’élite de l’armée qu’il commande, sur le Rhin, s’opposer en Italie aux progrès de Bonaparte.

Celui-ci, apprenant la marche de son noble adversaire, fait mettre en mouvement une armée de 53.000 hommes, à laquelle s’étaient réunies la division Delmas et la division Bernadotte. En arrivant à l’armée de Bonaparte, ce dernier avait dit à ses soldats : « Soldats de l’armée du Rhin, songez que l’armée d’Italie nous regarde. »

Bonaparte, à la tête d’une division de 37.000 hommes, emporte Tarri. Il envoie trois autres divisions forcer le passage du Tagliamento, défendu par l’archiduc en personne : elles obtiennent l’avantage, poursuivent ce prince sur l’Isonzo, et s’emparent de l’importante forteresse de Palma-Nova ; et vingt jours plus tard, l ! archiduc, ayant perdu le quart de son armée, est obligé de se retirer sur Saint-Weith et sur la Muhr.

Cependant, Bonaparte avait détaché 16.000 hommes sous la conduite du général Joubert, qui culbute les généraux Laudon et Kerpen et force tous les défilés