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du Tyrol, pendant que Bernadotte marchait sur Leybach.

Enfin, lé 31 mars, un an après son départ de Nice, le vainqueur, arrivé à Klagenfurth, a la générosité d’offrir la paix à l’Autriche, qui, d’abord, a l’insolence de la refuser. L’armée républicaine se remet en marche. Masséna force les défilés de Neumarch, s’empare de la position d’Hunsdmark. Le moment approchait ou une grande bataille allait décider du sort de Bonapavte et de celui de la maison d’Autriche ; mais deux ennemis se rendirent au quartier général français, et le 7 avril un armistice est accordé à Indenburg, et le 15, les préliminaires de la paix sont convenus à Léoben. C’est à cette occasion que Bonaparte dit aux négociateurs autrichiens : « Votre gouvernement a envoyé contre moi quatre armées sans généraux, et cette fois un général sans armée. » Bel éloge des talents militaires du prince Charles.

La dépêche du 19 avril, qui apprend au Directoire la signature des préliminaires, lui révèle aussi toute l’indépendance de son général, et peut lui donner des craintes sur un avenir que sa politique inquiète et jalouse n’a pas deviné. Voici quelques passages de cette importante dépêche :

« Si je me fusse, au commencement de la campagne, obstiné à aller à Turin, je n’aurais jamais passé le Pô ; si je m’étais obstiné àaller à Rome, j’aurais perdu Milan ; si je m’étais obstiné à aller à Vienne, peut-être aurais-je perdu la République. Dans la position des choses, les préliminaires de la paix, même avec l’empereur, sont devenus une opération militaire. Cela sera un monument de la gloire de la République française, et un présage infaillible qu’elle peut, en deux campagnes, soumettre le continent de l’Europe. Je n’ai pas, en Allemagne, une seule contribution ; il n’y a pas eu une seule plainte contre nous. J’agirai de même en évacuant ; et, sans être prophète, je sens que le temps viendra où nous tirerons parti de cette sage conduite. Quant à moi, je vous demande du repos. J’ai justifié la confiance dont vous m’avez investi ; je ne me suis jamais considéré, pour ainsi dire, dans toutes mes opérations, et je me suis aujourd’hui lancé sur Vienne, ayant acquis plus de gloire qu’il n’en faut pour être heureux, et ayant derrière moi les superbes plaines d’Italie, comme j’avais fait au commencement de la campagne dernière, en cherchant du pain pour l’armée, que la République ne pouvait plus nourrir. »

Pendant que Bonaparte marchait sur Vienne par les défilés de la Carinthie, les nobles et le clergé vénitiens levaient des troupes pour l’empêcher de rentrer en Italie ; et tandis qu’il stipulait à Léoben la cessation de l’effusion du sang, le meurtre des Français commandé par le Sénat, était prêché dans toutes les églises. La deuxième fête de Pâques, au son des cloches, tous les Français qui se trouvaient à Vérone sont égorgés. Ce crime inouï sera à jamais connu sous le nom de Pâques vénitiennes.

De tels attentats ne pouvaient rester impunis : l’aristocratie vénitienne est détruite, et le lion de Saint-Marc renversé, pour toujours, par celui qui mérita réellement alors le nom glorieux de libérateur de l’Italie. Le 16 vendémiaire an VI (7 octobre 1797), Bonaparte signa à Campo-Formio ce fameux traité qui donnait à la République la possession des Pays-Bas autrichiens. De cette époque si glorieuse pour la France, date toutefois l’asservissement de Venise, cédée injustement à l’Autriche ; la République française disposa d’un État indépendant et son injustice dure encore.

Après la concession de ce traité, Bonaparte, vainqueur et pacificateur, reçut