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l’être.

« En ouvrant l’abdomen, on vit que la coiffe qui couvre les boyaux était extrêmement grasse ; en examinant l’estomac, on s’aperçut que ce viscère était le siège d’une grande maladie : de fortes adhésions liaient toute la surface supérieure, surtout vers l’extrémité du pylore jusqu’à la surface concave du lobe gauche du foie ; en séparant, ou découvrit qu’un ulcère pénétrait les enveloppes de l’estomac à un pouce du pylore, et qu’il était assez grand pour y passer le petit doigt.

« La surface intérieure de l’estomac, c’est-à-dire presque toute son étendue, présentait une masse d’affection cancéreuse, ou des parties squirreuses se changeant en cancer, l’estomac était presque plein d’un liquide ressemblant à du marc de café.

La surface convexe du côté gauche adhérait au diaphragme ; à l’exception des adhésions occasionnées par la maladie de l’estomac, le foie ne présentait rien de malsain.

Le reste des viscères abdominaux était en bon état.

« Ont signé :
Thomas SHORT, premier médecin ; Arch. ARNOTT, médecin du 20e régiment ; Francis BURTON, médecin du 66e régiment ; Chas. MICHELL, médecin de Vigo ; Matthieu LEWINGSTONE, médecin de la compagnie des Indes. »

Les personnes qui furent admises à voir le corps, se récrièrent sur la beauté et l’harmonie de ses proportions. Napoléon était fort maigre dans sa jeunesse, mais, parvenu à l’âge mûr, il avait acquis un embonpoint considérable, lequel avait diminué de beaucoup pendant la longue et cruelle maladie qui termina ses jours.

Avant de refermer le cadavre, on en tira le cœur et l’estomac, que l’on renferma dans des coupes d’argent contenant de l’esprit de vin.

L’opération terminée, le corps fut revêtu de l’uniforme des chasseurs à cheval de la garde impériale, orné de tous les ordres que le défunt avait créés ou reçus pendant son règne, après quoi il fut placé sur le lit de fer qu’il avait coutume de faire porter à sa suite dans ses campagnes ; le manteau bleu brodé en argent qu’il portait à la bataille de Marengo lui servait de drap mortuaire.

Le 9 mai la pompe funèbre eut lieu dans l’ordre suivant :

Napoléon, fils aîné du grand maréchal, l’aumônier, le docteur Arnott, médecin de Napoléon, une voiture de deuil à quatre chevaux dans laquelle était le corps, douze grenadiers anglais pour descendre le cercueil au bas de la colline. Le cheval de Napoléon, les comtes Bertrand et de Montholon, portant le manteau bleu de Marengo en guise de drap mortuaire. La comtesse Bertrand en voiture avec sa fille, les domestiques du défunt, un groupe d’officiers anglais, le général Coffin, le marquis de Montchenu, commissaire du roi de France et de l’empereur d’Autriche, sir Hudson-Lowe, lady Lowe, en grand deuil, avec sa fille, en voiture ; 3.000 hommes reçurent le corps au sortir de la maison mortuaire de Longwood.

Le cercueil dans lequel on avait renfermé les coupes contenant le cœur et l’estomac fut béni par le prêtre et descendu dans le caveau qui lui était destiné ; douze salves d’artillerie annoncèrent au monde que Napoléon n’existait plus. Son tombeau fut confié à une garde d’officiers anglais.

Ainsi finit l’homme le plus extraordinaire des temps modernes, le rival de Charlemagne, de Louis XIV, de César, d’Alexandre, et leur supérieur à certains