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de ligne. Sa première campagne fut celle de 1823, en Espagne, où le maréchal Moncey le signala comme s’étant particulièrement distingué dans les combats de Jorda et de Caldès, livrés par le 4e corps. Il dispersa avec un faible détachement un gros parti de cavalerie espagnole et s’empara du cheval du chef de cette troupe après l’avoir tué de sa main. Ce brillant fait d’armes lui valut la croix d’honneur.

Il débarque, en 1830, en Afrique, avec l’épaulette de capitaine au 2e léger, et ses premières campagnes sur la terre algérienne n’offrent aucun trait saillant. Connu, cependant, dès lors pour un officier de mérite, il gagne tous ses grades à la pointe de l’épée sur divers champs de bataille. En 1836, lors de la première expédition de Constantine, il était chef de bataillon au 2e léger. C’est là le véritable point de départ de sa fortune militaire. Il commandait l’extrême arrière-garde, à Coudiat-Aty. Les premières lignes ayant fléchi, il forme sa troupe en bataillon carré, « Allons, mes amis, dit-il, voyons ces gens-là en face : ils sont six mille et vous êtes trois cents ; vous voyez bien que la partie est égale. » Ses soldats, électrisés, attendent l’ennemi à portée de pistolet et le repoussent par un feu de deux rangs des plus meurtriers. L’ennemi, renonçant alors aux charges, reprit son système de tiraillement et fut pendant tout le reste de la journée contenu à distance, tant par le bataillon de Changarnier que par le brave 63e de ligne et quelques escadrons de chasseurs.

Ce fait d’armes remarquable passa d’abord inaperçu. Plus tard, le maréchal Clausel, dans son rapport au ministre de la guerre, crut devoir le signaler avec éloge.

L’héroïque commandant fut fait lieutenant-colonel, et vint passer quelques mois à Autun, sa ville natale, qui le reçut avec enthousiasme et fit exécuter un tableau reproduisant ce fait d’armes. Rentré en Afrique, Changarnier reçut le commandement supérieur du camp du Fondouck, point alors très-important, à l’Est d’Alger.

Lors de l’expédition des Portes de fer, dont le but était d’établir la grande communication qui devait relier Alger à Constantine, Changarnier accompagna le duc d’Orléans et eut un cheval tué sous lui, dans un combat d’arrière-garde.

En 1839, le colonel Changarnier commandait une colonne mobile à Boufarik. Plus de 2,000 Arabes essaient d’enlever le troupeau du camp. Le colonel court sur eux, les met en déroute, les poursuit, et les culbute dans la Chiffa, après leur avoir tué un grand nombre d’hommes. Quelques jours après, au combat d'Ouad-Lalleg, l’armée arabe, composée de l’infanterie régulière de l’Émir et de toutes les forces des deux kalifas de Médeah et de Milianah, avait pris position sur la berge de l’ancien lit de l’Oued-el-Kébir. Cette position était formidable ; il fallait, pour atteindre l’ennemi, traverser sous ses feux un ravin profond. Le 2e léger, ayant à sa tête l’intrépide Changarnier, le 23e de ligne, le 1er chasseurs, commandé par le brave Bourjolly, s’y précipitent, gravissent la berge opposée, sans tirer un coup de fusil et chargent les Arabes qui, effrayés, veulent se mettre en retraite, mais il était trop tard : nos colonnes les poursuivent la baïonnette dans les reins, les culbutent et les refoulent jusqu’au delà de la Chilfa.

Ce combat eut pour résultat de forcer l’ennemi de repasser la première chaîne de l’Atlas. Il fit tomber en notre pouvoir trois drapeaux, une pièce de canon, les caisses des tambours, 1,500 fusils et 300 cadavres de fantassins.

Le 29 janvier suivant, le colonel