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heureusement jusqu’au plateau d’Ailles, où les Russes l’attaquèrent vigoureusement. Appuyé par une batterie d’artillerie de la garde et par les divisions Boyer et Friant, Charpentier tint ferme, ne tarda pas à prendre l’avantage, chassa les Russes, et, avec 4 pièces de canon, il balaya le chemin de Chrévrigny, où venait de s’engager la gauche de l’ennemi serrée de près par le prince de la Moskowa.

Les Russes battirent en retraite sur Laon, où était Blücher, et les avant-postes ennemis s’établirent à Semilly, Athiès et Clacy. Le 9 mars, vers quatre heures du matin, le général Charpentier reçut l’ordre de concerter, avec les généraux Friant et Curial, une attaque contre ce dernier village. Le succès couronna les efforts de ces généraux, et 257 Russes, dont 7 officiers, tombèrent en leur pouvoir.

Après la déroute du duc de Raguse à Béry-au-Bac, Blücher ayant dirigé sur Clacy trois divisions et les hussards de Black, Charpentier repoussa cette attaque, que l’ennemi renouvela six fois de suite sans pouvoir parvenir à forcer la position.

Le lendemain 11 mars, l’armée française continua son mouvement de retraite sur Soissons. Arrivé dans cette ville, Napoléon s’occupa de sa réorganisation, et le commandement de l’une des nouvelles divisions fut remis au comte Charpentier ; mais ce général n’eut plus l’occasion de se distinguer durant le mouvement rétrograde de nos troupes, et ses derniers efforts furent employés à défendre Paris dans la journée du 30 mars. Pendant cette dernière et déplorable affaire, il occupait La Chapelle, où il disputa le terrain pied à pied à l’ennemi.

Le 8 avril 1814, il donna son adhésion au nouveau gouvernement, et Louis XVIII le fit chevalier de Saint-Louis, grand officier de la Légion-d’Honneur et inspecteur général. En 1815, il courut se ranger sous l’étendard impérial et obtint le commandement de la 12e division militaire à Nantes. Ce retour, subit sur lui-même ne pouvait que déplaire à Louis XVIII qui, à la seconde Restauration, ordonna de le rayer du cadre de l’état-major général. Cette disgrâce fut de courte durée ; car à son retour de Suisse, où il était allé avec sa famille, il fut rétabli dans le cadre d’activité.

A partir de ce moment, le comte Charpentier se tint éloigné des affaires, et mourut le 14 octobre 1831, à Orgny, près Villers-Cotterets.

Parmi les noms illustres gravés sur les tables de l’arc de triomphe de l’Étoile, on lit celui de cet officier général, côté Sud.

CHARTRAN (J.-H.-S.)

né à Carcassonne en 1779, entra au service à l’âge de quatorze ans, fit les campagnes de 1794 et 1795, à l’armée des Pyrénées-Orientales, passa à celle d’Italie après la paix de Bâle, et se distingua en diverses rencontres. Il servit ensuite sur le Rhin, à la grande armée, et fut fait colonel en 1813. Vainqueur, le 28 juillet, de 6,000 Russes, qui essayèrent de l’arrêter dans les gorges de Pina, il assista, le 30, à la bataille de Kinluc, se fit jour au milieu des colonnes ennemies, leur enleva 52 officiers supérieurs, dégagea son général de division et une partie des troupes tombées en leur pouvoir.

Nommé général de brigade pour ces beaux faits d’armes, il fut mis à la retraite par les Bourbons. Au retour de l’Empereur, Chartran fut chargé du commandement du département de l’Aude, et rencontra, en se rendant à sa destination, le baron Trouvé, avec lequel il eut une entrevue dont le détail, publié dans une intention coupable, produisit