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pour aller avec lui explorer le pays. Mais telle était alors l’intimidation que causait à la troupe le nombre considé-rable des ennemis, que deux hommes seulement se présentèrent. Ce manque d’énergie et de confiance ne change point les projets du général, il marche seul eu avant de Nervi, avec les deux braves qui se sont offerts, et qui promettent d’affronter avec lui tous les dangers. Bientôt après, regardant en arrière pour s’assurer de la conduite des 300 hommes auxquels il a confié la garde de l’important débouché qu’il veut conserver, il s’aperçoit que l’ennemi s’en est rendu maître et qu’il s’empresse d’arriver et de s’établir dans les rues de Nervi. Ne prenant conseil que de son courage, Darnaud, le sabre à la main et suivi de ses deux intrépides compagnons, s’élance sur l’ennemi, qui fait feu sur eux. Personne n’est atteint, et après avoir porté le désordre dans les rangs des Impériaux, nos trois braves parviennent à les mettre en fuite.

C’est à ce trait d’une valeureuse audace que la colonne de Sori dut son salut, car elle ne pouvait éviter d’être faite prisonnière, les rues de Nervi ne permettant pas de former quatre hommes de front. Le chef de bataillon Verney qui, malgré son courage et ses efforts, n’avait pu parvenir à rétablir son bataillon qu’au plateau de Quinto, rendit lui-même justice au dévouement du brave général Darnaud, et le chef de brigade Wouille-mont, qui commandait la colonne de Gori, s’exprimait ainsi dans le rapport qu’il fit de cette affaire : « L’ennemi, ayant porté toutes ses forces sur la brigade de gauche, et l’ayant forcée et suivie dans sa marche rétrograde jusqu’à Nervi, avait coupé celle de droite que je commandais. Le général de brigade Darnaud, par les efforts de son courage, ne dut presque qu’à lui seul l’avantage

de me dégager et de me réunir à la 2° brigade, avec laquelle ce général se défendit dans Nervi, d’où il chassa l’en^ nemi, et prépara la glorieuse journée du lendemain. »

En effet, le 24, à l’affaire de la.Cas-tagna, le général Darnaud, avecses.trou-pes très-peu nombreuses, renverse les colonnes de l’ennemi. Atteint de trois coup de feu, mais sentant trop combien sa présence est nécessaire, il surmonte sa douleur, oublie ses blessures, et, chargeant à la tête de ses soldats, il culbute l’ennemi, lui enlève quatre pièces de canon et lui fait 1,200 prisonniers. Le 13 germinal suivant, la 8e demi-brigade d’infanterie légère, postée sur la montagne de Rua, en avant de Recco, fut obligée d’abandonner cette position et se retirait, vivement harcelée par un ennemi nombreux qui pénétra dans la ville de Recco. Le général Darnaud accourut sur le champ de bataille, et ne pouvant arrêter la déroute, arrache Je fusil des mains d’un soldat : « Si tu es brave, » lui dit-il, « reste auprès de moi ; donne-moi des cartouches et mourons ensemble au poste de l’honneur. » Seul avec ce soldat, il fait feu sur l’ennemi, qui s’étonne de tant d’intrépidité. La demi-brigade, revenue d’un premier moment de faiblesse, et encouragée par l’exemple de son général, s’arrête, se rallie, et sur les pas de l’intrépide général Darnaud, elle charge à son tour l’ennemi, renverse tout ce qu’elle rencontre et reprend Recco, où elle complète sa victoire, en faisant prisonnière ou passant au fil de la baïonnette toutes les troupes qui s’y trouvaient.

Le 16 et le 17 du même mois, à Mon-tefaccio, il combattit avec succès un ennemi toujours plus nombreux que lui et parvint à conserver à l’armée des munitions et de l’artillerie qu’il avait reçu l’ordre d’abandonner.

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