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place de Bois-le-Duc, qui est couverte par des marais et des inondations, il se trouve tout à coup devant le fort d’Or-them, découvre un point dégarni de palissades et remarque dans la garnison une sorte d’hésitation. Il dit alors à ses officiers et à huit hussards qui l’accompagnaient : « Mes amis, le fort est à nous ; qui m’aime me suive ; » et lançant son cheval, il franchit le fossé, gravit le parapet et entre le premier dans le fort. Les 50 hommes qui le défendent, étonnés d’une telle audace, sont sabrés, repoussés au delà de l’enceinte, et poursuivis jusque sur les glacis de la place que le général fit canonner par l’artillerie de sa division, placée dans le fort d’Orthem. Ce fait énergique amena la capitulation du fort important de Crève-Cœur.

Vers la fin de 179o, Delmas commandait une division à l’armée du Rhin sous les ordres de Moreau. Il rentra en France à la suite d’une blessure grave, passa à l’armée d’Italie, combattit les Tyroliens, reçut le commandement en chef des mains de Joubert et le garda jusqu’à l’arrivée de Schérer.

Il se couvrit de gloire et rendit d’émi-nents services à la bataille de Magnano.

Le Directoire lui ayant offert le commandement de la 1" division (Paris), il refusa, reçut du gouvernement une armure complète en témoignage de ses éclatants services, alla de nouveau se distinguer à l’armée da Rhin, retourna en Italie comme lieutenant du général en chef, prit en 1801 le commandement des troupes en Piémont et fut condamné peu après à une sorte d’exil qui dura dix ans.

Frappé de nos malheurs en 1813, il alla offrir son épée à l’Empereur, com-hattit avec le même courage et fut blessé mortellement à Leipzig, laissant un nom qui vivra dans nos fastes militaires.

DELORT (MARIE-JOSEPH-RAYMOND, baron)

né à Arbois, en 1773 ; s’enrôla en 91 dans le 4’ bataillon des volontaires du Jura et fit toutes les campagnes de la Révolution. Partout Delort donna des preuves d’un rare courage. Il reçut plusieurs blessures à Austerlitz.

Il fut nommé colonel du 4e dragons en 1805 et chevalier de l’Empire avec dotation en 1808. Cette même année il passa en Espagne, se trouva à plusieurs sièges et batailles, enleva à Pont-du-Roi 25 pièces de canon et tous les bagages de l’ennemi dans une charge des plus hardies ; Le 23 mars 1810 il mit complètement en déroute, à Vaudrell, l’avant-garde espagnole.

Le 9 avril, à Villafranca, il battit une colonne ennemie et fit le colonel prisonnier. Une autre fois il arrêta sept escadrons espagnols avec un escadron de son régiment et sauva une division italienne ; il fut grièvement blessé dans cette charge. Le jour de l’assaut de Tarragone, il poursuivit les fuyards jusqu’à la mer et les sabra sous le feu des croisières anglaises. Son régiment de dragons, conjointement avec une brigade italienne, ramena une colonne de 9,700 prisonniers où se trouvaient le gouverneur de Tarragone et plusieurs généraux.

Delort fut nommé général de brigade en 1811. A la bataille de Sagonte, il culbuta l’ennemi et fut cité avec éloge par le maréchal Soult. Le 2 juillet 1812 O’Donnel attaqua avec 12,000 hommes le général Delort détaché à Castalla avec 1,500 hommes ; mais le mouvement de retraite fut exécuté si habilement et suivi d’une charge si heureuse, que toute la ligne ennemie fut mise dans le plus grand désordre et que le général anglais Roche fut forcé d’abandonner l’attaque du château d’Ibi. Cette affaire fut une des plus brillantes de la guerre d’Espagne.

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