Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/138

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l’autorité dans ce chef-lieu ; et vous, inspecteurs, commissaires, et vous tous chefs dans la régence de Bantan-Kidoul, salut !

» Je vous dis, tout d’abord, que j’ai le cœur plein de joie, en vous voyant tous, là, assemblés, pour écouter mes paroles. Je sais qu’il en est, parmi vous, qui excellent en savoir et en probité. J’espère devenir plus probe et plus instruit, en vous fréquentant. Mon instruction n’est pas aussi complète, que je le désirerais ; et quant à ma probité, quoique j’en aie, je possède bien des défauts qui la laissent dans l’ombre, trop souvent, et l’empêchent de croître et de se développer. Vous le savez, l’arbre, de grande taille, tue l’arbuste, son voisin. Voilà pourquoi j’imiterai ceux d’entre vous, qui marcheront, les premiers, dans le chemin de la vertu.

» À vous tous, salut !

» Quand le Gouverneur-général m’a donné l’ordre de venir chez vous, pour être sous-préfet de cette régence, mon cœur s’est réjoui.

Vous savez que je n’avais jamais mis le pied à Bantan-Kidoul. Je me suis donc fait donner des comptes-rendus parlant de cette régence, et j’y ai trouvé beaucoup de bonnes choses. Vous possédez des champs de riz dans les vallées et sur les montagnes. Vous avez l’amour de la paix et vous ne convoitez pas la terre du voisin. Allons ! allons ! Il y a de belles et bonnes choses à Bantan-Kidoul.

Mais ce n’était pas à cause de cela, seulement, que mon cœur se réjouissait ; ailleurs aussi j’aurais trouvé ces choses-là. Non. Je me suis aperçu, qu’ici, la population est pauvre, et cela me rend l’âme joyeuse, car, vous le savez comme moi, Dieu aime les pauvres, et il donne la richesse à ceux qu’il