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Si, moi, dans ma branche de commerce, — je suis commissionnaire en cafés et je demeure Canal des Lauriers, n°. 37 — je faisais une déclaration à un commettant, — un commettant, est un négociant qui vend du café, — où il y eut la millième partie des mensonges qui forment le gros des poésies et romans, il s’adresserait immédiatement à Busselinck et Waterman.

Ce sont aussi des commissionnaires en cafés, mais vous n’avez pas besoin de connaître leur adresse.

Donc, je me garde bien d’écrire des romans ou de faire d’autres fausses déclarations. J’ai toujours observé que ceux qui se mêlent de ces affaires-là finissent mal. J’ai quarante trois ans ; il y en a vingt que je fréquente la Bourse, et je peux me présenter quand on demande un expert en ces matières. En ai-je vu tomber des maisons  ! Et, le plus souvent, quand je remontais aux causes de leur chute, je les trouvais dans la mauvaise direction que leurs chefs avaient reçue dans leur jeunesse.

Moi, je dis : de la vérité, et du bon sens, et je m’y tiens.

Naturellement, je fais une exception pour l’Écriture Sainte.

Notre mauvaise éducation commence à la lecture des poésies enfantines de Van Alphen, et cela dès son premier vers sur les marmots, qu’il prétend être tous adorables. Comment, diantre, ce brave homme a-t-il pu adorer ma petite sœur Gertrude, aux yeux chassieux, ou mon frère Gérard qui passait son temps à se fourrer les doigts dans le nez. Il prétend que c’est par tendresse, qu’il a fait ces poésies-là !

Quand j’étais enfant, je me disais souvent : „ah !