Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/259

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Je les prends ainsi, c’est tout simple ; tout homme à votre place en pourrait dire autant.

Fortunio.

Madame, je n’ai jamais menti. Il est bien vrai que je suis un enfant, et qu’on peut douter de mes paroles ; mais telles qu’elles sont, Dieu peut les juger.

Jacqueline.

C’est bon, vous savez votre rôle, et vous ne vous dédisez pas. En voilà assez là-dessus ; prenez donc ce siège et mettez-vous là.

Fortunio.

Je le ferai pour vous obéir.

Jacqueline.

Pardonnez-moi une question qui pourra vous sembler étrange. Madeleine, ma femme de chambre, m’a dit que votre père était joaillier. Il doit se trouver en rapport avec les marchands de la ville.

Fortunio.

Oui, madame ; je puis dire qu’il n’en est guère d’un peu considérable qui ne connaisse notre maison.

Jacqueline.

Par conséquent, vous avez occasion d’aller et de venir dans le quartier marchand, et on connaît votre visage dans les boutiques de la Grand’Rue ?

Fortunio.

Oui, madame, pour vous servir.

Jacqueline.

Une femme de mes amies a un mari avare et jaloux.