Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Mélanges de littérature et de critique.djvu/398

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de l’enfant, qui vous défendent, au nom du passé, d’avoir jamais le sens commun, et qui profitent des torts que vous n’avez plus pour vous punir de ceux que vous n’avez pas.

Ce n’est point ici, messieurs, ce n’est point dans cette enceinte que je puis redouter ces cruels préjugés ; et la meilleure preuve que j’en puisse avoir, c’est que je parle devant vous. Mais je prie en grâce qu’on veuille me croire sincère lorsque je loue, non pas outre mesure, ces faciles compositions. Il est bien vrai que le travail, le soin du style, y manquent parfois, ou sont peut-être perdus pour nous. Mais, sans qu’un détail vous arrête, sans qu’un mot soit jamais douteux, quand on lit les ouvrages de M. Dupaty, il est impossible de les quitter. On ne reste pas sur une phrase ; les littérateurs ne faisaient pas tant de fracas alors qu’aujourd’hui. Mais lorsqu’on a fermé le livre, sans savoir et sans pouvoir dire précisément de quoi l’on est charmé, l’honnêteté, la grâce et le bon sens vous restent dans la tête comme le parfum d’une fleur. Heureusement celles-là ne se fanent pas. Casimir Delavigne, fils du même temps, et avec qui M. Dupaty a plus d’un rapport, quand ce ne serait que l’amour de la beauté, de la gloire et de la patrie, laisse à peu près dans l’âme le même sentiment, et, doué de plus de force et d’autant de grâce, il savait que l’estime vaut mieux que le bruit.

L’une des premières pièces du jeune auteur, intitulée l’Opéra-Comique et représentée en l’an VI, fut com-