Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/103

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mais qui ne manquait pas d’originalité. Avec le concours d’un musicien de talent, on en aurait pu faire un opéra-comique aussi agréable que bien d’autres. La pièce présentée au théâtre des Nouveautés, où l’on jouait des ouvrages de toutes sortes, fut acceptée[1]. Il y eut sans doute un commencement d’exécution, car je vois sur la couverture du manuscrit la distribution des rôles écrite de la main du directeur. M. Bouffé et madame Albert devaient représenter les deux personnages principaux, et ces artistes étaient les meilleurs de la troupe. Je ne sais ce qui a pu empêcher la représentation, — probablement la révolution de Juillet, qui éclata pendant que le chef d’orchestre composait les scènes en musique. — Quoi qu’il en soit, l’auteur retira la pièce et la mit dans un carton où elle est encore.

Après la journée du 7 août, Alfred de Musset, qui ne craignait rien tant que d’avoir un emploi, demeura spectateur indifférent de la curée des places. Les félicitations intéressées pleuvaient de toutes parts au château ; il se laissa oublier de son ancien condisciple devenu duc d’Orléans. La gravité des événements politiques et les contre-coups de la révolution, au nord et au midi de l’Europe, n’arrêtèrent pas le mouvement littéraire commencé sous la dynastie

  1. La salle du théâtre des Nouveautés, située sur la place de la Bourse, fut donnée à la troupe du Vaudeville, après l’incendie de la rue de Chartres.