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d’inspiration : le grand éclairage et le petit souper. La muse ne demandait qu’à descendre. Le lendemain, l’épître était fort avancée, et le 1er mars 1836 elle parut dans la Revue des Deux-Mondes. Quelque temps après, Alfred reçut un billet de M. de Lamartine qui l’engageait à venir. Il y courut, et, pendant trois ou quatre mois, des relations suivies s’établirent entre les deux poètes. En revenant de ces visites, Alfred nous racontait, le soir, en famille, ses conversations du matin. Je me rappelle, entre autres détails, qu’il rapporta de la première de ces entrevues la promesse d’une réponse à ses vers ; M. de Lamartine lui avait demandé le temps de se reconnaître, en disant, avec une bonne grâce charmante, qu’il aurait fort à faire pour que la réponse fût digne de l’épître[1].

En attendant le jour où il pourrait se glorifier de cette réponse, Alfred commença par être heureux et fier de la promesse. On sait qu’il aimait à fureter chez les marchands de tableaux et d’estampes ; il trouva dans une boutique une copie au pastel de la Poésie

  1. La dix-neuvième livraison des Entretiens littéraires de M. de Lamartine nous a appris, en 1857, pourquoi cette réponse n’a jamais paru ; mais j’avoue que je n’ai pas bien compris l’explication. Avec quel étonnement n’y ai-je pas vu que M. de Lamartine avait perdu totalement le souvenir de ses bons rapports avec Alfred de Musset, et qu’en le retrouvant à l’Institut, en 1852, il avait cru lui parler pour la première fois ! On lit encore dans ce dix-neuvième entretien, que M. de Lamartine conçut d’abord une faible opinion des facultés lyriques de ce jeune homme, sur la lecture du Rhin allemand ;