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de Carlo Dolci, dont les traits offraient réellement beaucoup de ressemblance avec ceux de l’auteur des Méditations. Il s’empressa d’acheter ce dessin, et de lui donner une place parmi les cadres qui ornaient son cabinet de travail. Ses amis se souviennent encore du prix qu’il attachait à ce portrait idéal et de la joie d’enfant qu’il éprouvait à le regarder. Plus tard, lorsque tout Paris courait aux représentations du Caprice, madame Allan eut la fantaisie de posséder ce pastel. Alfred n’osa pas le refuser à l’actrice qui faisait le succès de la pièce ; mais il regretta toujours de s’en être séparé, et, jusque dans les derniers mois de sa vie, il répétait souvent : « Quel besoin avait madame Allan de m’enlever mon Lamartine ? »

Les lecteurs de la Revue remarquèrent le soin particulier que l’auteur avait mis dans l’exécution de son épître. Il avait voulu qu’elle fût irréprochable. On connaît maintenant les circonstances dans lesquelles est née cette fleur de poésie, et l’on ne se trompera plus sur les sentiments qui l’ont fait éclore. Pour

    mais qu’il revint de ses préventions longtemps après, lorsque un pâtre lui eut remis, dans le parc de Saint-Point, le numéro de la Revue des Deux-Mondes contenant les vers à lui adressés. Or, le Rhin allemand n’a été écrit qu’en juin 1841, et l’Épître à Lamartine est du 1er mars 1836 ; il faut donc nécessairement, ou que la mémoire de M. de Lamartine l’ait encore bien mal servi, lorsqu’il a voulu se rappeler les véritables raisons de son silence, ou que le pâtre chargé de lui porter la livraison de la Revue des Deux-Mondes ait mis plus de cinq ans à le chercher dans le parc de Saint-Point.

    P. M.