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Apparemment la sœur Marcelline avait obtenu de son malade la promesse de se livrer à quelque pratique religieuse. En partant, elle lui laissa une plume qu’elle avait brodée avec des fils de soie de diverses couleurs, et sur laquelle on lisait cette devise : Pensez à vos promesses. À dix-sept ans de là, cette plume ainsi qu’une petite amphore en laine tricotée, furent enfermées dans le cercueil du poète. — C’était une de ses dernières volontés.

En relevant de sa maladie, Alfred eut l’envie d’écrire pour Rachel une tragédie d’Alceste. Il acheta la pièce d’Euripide, et se remit au grec pour la lire dans l’original. Son ami Tattet courut les bibliothèques publiques et particulières à la recherche d’un plan de tragédie sur ce sujet, dont quelques biographes signalaient l’existence parmi les papiers de Racine. Dans son examen de l’Alceste de Gluck, J.-J. Rousseau avait fait une critique judicieuse des défauts du libretto de M. le bailli du Rollet. Ces défauts étaient le peu de variété dans les situations et, par suite, une monotonie de langage si difficile

    mêler ce sujet sérieux aux plaisanteries qu’il adressait, dans le but de la divertir, à une femme dont il aurait redouté le tour d’esprit malin, non pour lui, mais pour une personne qu’il respectait profondément. C’est sur un ton bien différent qu’il parlait de la sœur Marcelline à la duchesse de Castries, comme on le voit par une lettre à son frère du mois de juin 1840. Lorsqu’il dit à la marraine que l’Histoire sainte passe un peu à l’état d’ancien testament, c’est probablement une manière de ne pas répondre.

    P. M.