Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/257

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à éviter que le poète grec lui-même y était tombé. Alfred ne se rebuta pas et prit ces critiques pour des avertissements utiles. On verra tout à l’heure pourquoi ce projet fut abandonné.

De peur de ramener le cours de ses idées vers les sujets pénibles, je me gardais de parler au convalescent de tout ce qui l’agitait avant sa maladie. M. Félix Bonnaire, dans ses visites du matin, ne soufflait mot ni d’engagements ni de travail. Soit insouciance, soit pressentiment, Alfred répétait de temps à autre que tout s’arrangeait en ce monde et que ses affaires s’arrangeraient. La sœur Marcelline l’avait prédit ; cela devait donc arriver ; et, en effet, les embarras du poète allaient finir de la manière la plus imprévue. M. Charpentier venait de faire une révolution en librairie. Ses éditions dans le format in-18 mirent un beau jour à la portée des petites fortunes, les livres que les gens riches eux-mêmes trouvaient trop chers. Depuis deux ans déjà, M. Charpentier avait édité un grand nombre de livres, lorsque M. Buloz lui suggéra l’idée de publier dans son nouveau format les œuvres d’Alfred de Musset. Pour prêter les mains à la conclusion de cette affaire, M. Buloz consentit à sacrifier un certain nombre d’exemplaires de son édition in-8o du Spectacle dans un fauteuil, qui restait encore dans la librairie de la Revue. Un matin, M. Charpentier vint proposer à l’auteur des Contes d’Espagne de réunir toutes ses poésies en un