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ces deux figures diffèrent entre elles, il faut songer qu’un intervalle fort long les sépare ; l’une est de 1831 et l’autre de 1854. Landelle eut le tort de donner à son dessin le regard vague. Alfred se plaignait que le peintre l’avait représenté comme endormi, et il avait raison, car l’air ordinaire de son visage était la fierté. C’est ce qu’on trouve dans le médaillon de David à un degré remarquable. Sans ce léger défaut, l’œuvre de Landelle serait parfaite. Elle a, d’ailleurs, sur le bronze ou le plâtre, l’avantage du coloris dont le charme rend fidèlement le teint du modèle, et la belle nuance de sa chevelure blonde. Au moment de sa mort, Alfred de Musset n’avait pas un cheveu gris. Les autres portraits, quel que soit le talent de leurs auteurs, ne peuvent qu’égarer les souvenirs des amis du modèle, et donner de sa personne une idée fausse ou incomplète à ceux qui ne l’ont jamais vu. J’en excepte pourtant le buste en marbre fait pas M. Mezzara pour le Théâtre-Français, longtemps après la mort du poète, et qui se distingue non seulement par la difficulté vaincue, mais par une grande exactitude.

Il n’y a point de description qui puisse suppléer au ciseau du sculpteur ou aux pinceaux du peintre pour exécuter le portrait physique de l’homme. Quant à l’âme du poète, si je n’ai pas failli à ma tâche, on l’aura retrouvée dans l’histoire de sa vie, telle qu’on la sent dans ses ouvrages, où il s’est dé-