Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ajoutant : pour ainsi dire, ou si j’ose m’exprimer ainsi. Selon moi, il faut avoir la hardiesse d’exprimer les choses comme on les sent ; c’est pourquoi je vous conseillerais de supprimer ces précautions oratoires, et j’aimerais mieux trop de hardiesse que l’apparence de la timidité. »

L’assurance du jeune blondin amusa les assistants, et sa critique ne déplut pas au panégyriste de M. de Rivière. Deux ans plus tard, il publiait des poésies auxquelles on ne pouvait pas reprocher la timidité.

Quand la circonstance l’exigeait, Musset ne dédaignait pourtant pas les précautions oratoires. Chez madame la duchesse de Castries, où venait souvent le vieux duc de Fitz-James, qui aimait fort et racontait à merveille les historiettes gauloises ; chez la marraine, où le bon ton n’excluait point la gaieté ; chez d’autres femmes du monde, et jusque dans le salon d’une prude, Alfred savait tout dire sans blesser les oreilles les plus délicates.

Ce qui prouve qu’il avait un grand fonds de bonne humeur, c’est qu’il ne négligeait jamais l’occasion de faire une plaisanterie lorsqu’il la rencontrait sur son chemin ; mais ses plaisanteries, toujours innocentes, n’avaient d’autre but que celui de divertir les gens, car il détestait particulièrement les mystifications. Un soir, je ne sais quel grief eut à lui reprocher la princesse Belgiojoso, qui lui témoignait