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lique et dans la seconde une pensée gaie. La même opposition se poursuit, selon lui, dans les développements. Il fait part de sa remarque à la personne qui tient le piano, et, afin de l’engager à bien marquer les nuances indiquées, il chante sur la ritournelle :


 Hélas ! hélas !
Que de maux sur terre !
 Ah ! ah ! ah ! ah !
Que de plaisirs ici-bas !


Pour montrer qu’elle a bien compris, la dame chante à son tour, et puis elle demande d’autres paroles. « Allons, dit-elle tout en jouant, soufflez-moi deux vers tristes et deux vers gais. »

Ce n’était pas facile : la musique exigeait alternativement un vers de sept syllabes et un de cinq ; mais le poète s’entendait à cet exercice, bien qu’à cette époque il ne l’eût pas encore pratiqué avec le père Hermann. Quand la musicienne avait chanté un couplet elle revenait à la ritournelle, hélas ! hélas ! etc. ; pendant ce temps-là l’improvisateur soufflait le couplet suivant. Il en composa ainsi autant qu’on lui en demanda, et toujours dans le double sentiment exigé par le programme. C’était tout un petit poème, en manière de complainte ; je n’en saurais plus dire le sujet. Voici seulement trois de ces couplets que, par grand hasard, je retrouve dans un coin de ma mémoire :