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GAMIANI

loin les arbres, les gazons, et j’étais tentée d’aller me rouler à terre ou de me perdre, aérienne, dans les feuilles. Je contemplais le ciel, et j’aurais voulu voler dans l’air, me fondre dans l’azur, me mêler aux vapeurs au ciel, aux anges !

Je pouvais devenir folle : mon sang refluait brûlant vers ma tête.

Éperdue, transportée, je m’étais précipitée sur les coussins. J’en tenais un serré entre mes cuisses, j’en pressais un autre dans mes bras, je le baisais follement, je l’entourais avec passion, je lui souriais même, je crois, tant j’étais ivre, dominée par les sens. Tout à coup je m’arrête, je frémis ; il me semble que je fonds, que je m’abîme ! Ah ! m’écriai-je, mon Dieu ! ah ! ah ! et je me relevai subitement épouvantée.