Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/101

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je le suis aussi en amour. Que faut-il faire pour que vous le croyiez ? »

La voilà devant son miroir, s’habillant au milieu du jour comme pour un bal ou une fête, affectant une coquetterie qu’elle ne pouvait cependant souffrir, cherchant à prendre le même ton que moi, riant et sautant par la chambre. « Suis-je à votre goût ? disait-elle. À laquelle de vos maîtresses trouvez-vous que je ressemble ? Suis-je assez belle pour vous faire oublier qu’on peut croire encore à l’amour ? Ai-je l’air d’une sans-souci ? » Puis, au milieu de cette joie factice, je la voyais qui me tournait le dos, et un frisson involontaire faisant trembler sur ses cheveux les tristes fleurs qu’elle y posait. Je m’élançais alors à ses pieds. « Cesse, lui disais-je ; tu ressembles trop bien à ce que tu veux imiter, et à ce que ma bouche est assez vile pour oser rappeler devant toi. Ôte ces fleurs, ôte cette robe. Lavons cette gaîté