Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/100

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féroce, j’insultais ainsi à l’amour, et laissais grommeler ma démence sur une bouche humide de ses baisers.

Ces jours-là, contre l’ordinaire, je me sentais en train de parler de Paris, et de représenter ma vie débauchée comme la meilleure chose du monde. « Vous n’êtes qu’une dévote, disais-je en riant à Brigitte ; vous ne savez pas ce que c’est. Il n’y a rien de tel que les gens sans souci et qui font l’amour sans y croire. » N’était-ce pas dire que je n’y croyais pas ?

« Eh bien ! me répondait Brigitte, enseignez-moi à vous plaire toujours. Je suis peut-être aussi jolie que les maîtresses que vous regrettez ; si je n’ai pas l’esprit qu’elles avaient pour vous divertir à leur manière, je ne demande qu’à apprendre. Faites comme si vous ne m’aimiez pas, et laissez-moi vous aimer sans en rien dire. Si je suis dévote à l’église,