Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/103

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sa robe un soir et approchant de mon lit, avait fait ce geste, avait dit ce mot.

Pauvre âme dévouée ! que souffrais-tu alors en me voyant pâlir devant toi ! lorsque mes bras, prêts à te recevoir, tombaient comme privés de vie sur ton épaule douce et fraîche ! lorsque le baiser se fermait sur ma lèvre, et que le plein regard de l’amour, ce pur rayon de la lumière de Dieu, reculait dans mes yeux comme une flèche que le vent détourne ! Ah ! Brigitte, quels diamants coulaient de tes paupières ! dans quel trésor de charité sublime tu puisais, d’une main patiente, ton triste amour plein de pitié !

Pendant longtemps, les bons et les mauvais jours se succédèrent presque régulièrement ; je me montrais alternativement dur et railleur, tendre et dévoué, sec et orgueilleux, repentant et soumis. La figure de Desgenais, qui la première m’avait apparu