Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/104

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comme pour m’avertir de ce que j’allais faire, était sans cesse présente à ma pensée. Durant mes jours de doute et de froideur, je m’entretenais, pour ainsi dire, avec lui ; souvent, au moment même où je venais d’offenser Brigitte par quelque raillerie cruelle, je me disais : « S’il était à ma place, il en ferait bien d’autres que moi. »

Quelquefois aussi, en mettant mon chapeau pour aller chez Brigitte, je me regardais dans la glace et je me disais : « Quel grand mal y a-t-il ? J’ai après tout une jolie maîtresse ; elle s’est donnée à un libertin ; qu’elle me prenne tel que je suis. » J’arrivais le sourire sur les lèvres, je me jetais dans un fauteuil d’un air indolent et délibéré ; puis je voyais approcher Brigitte avec ses grands yeux doux et inquiets ; je prenais dans mes mains ses petites mains blanches, et je me perdais dans un rêve infini.

Comment donner un nom à une chose