Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/106

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tous ses atours, la petite femme dansait là de tout son cœur avec la garnison, dans les salons de la préfecture. Elle en revenait les yeux brillants et le corps brisé ; elle arrivait alors chez nous, afin d’avoir à conter ses prouesses, et les petits chagrins qu’elle avait causés. Le reste du temps, elle lisait des romans, n’ayant jamais rien vu de son ménage, qui du reste n’était pas ragoûtant.

Toutes les fois que je la voyais, je ne manquais pas de me moquer d’elle, ne trouvant rien de si ridicule que cette vie qu’elle croyait mener ; j’interrompais ses récits de fête pour lui demander des nouvelles de son mari et de son beau-père, qu’elle détestait par-dessus tout, l’un parce qu’il était son mari, et l’autre parce qu’il n’était qu’un paysan ; enfin nous n’étions guère ensemble sans nous disputer sur quelque sujet.

Je m’avisai, dans mes mauvais jours, de faire la cour à cette femme uniquement pour