Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/108

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toute semblable à elle, c’est-à-dire à la fois bonne et sotte. Un beau jour, à la promenade, comme elles étaient toutes deux seules, elle se jeta dans les bras de Brigitte, lui dit qu’elle s’apercevait que je commençais à lui faire la cour, et que je lui adressais des propos dont l’intention n’était pas douteuse ; mais qu’elle savait que j’étais l’amant d’une autre, et que pour elle, quoi qu’il pût arriver, elle mourrait plutôt que de détruire le bonheur d’une amie. Brigitte la remercia, et madame Daniel, ayant mis sa conscience en repos, ne se fit plus faute d’œillades pour me désoler de son mieux.

Lorsque, le soir, elle fut partie, Brigitte me dit d’un ton sévère ce qui s’était passé dans le bois ; elle me pria de lui épargner de pareils affronts à l’avenir. « Non pas, dit-elle, que j’en fasse cas, ni que je croie à ces plaisanteries ; mais, si vous avez quelque amour pour moi, il me semble qu’il est inutile