Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/109

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d’apprendre à un tiers que vous ne l’avez pas tous les jours.

— Est-il possible, répondis-je en riant, que cela ait quelque importance ? Vous voyez bien que je me moque et que c’est pour passer le temps.

— Ah, mon ami, mon ami ! dit Brigitte, c’est un malheur qu’il faille passer le temps. »

Quelques jours après je lui proposai d’aller nous-mêmes à la préfecture, et de voir danser madame Daniel ; elle y consentit à regret. Tandis qu’elle achevait sa toilette, j’étais auprès de la cheminée, je lui fis quelque reproche sur ce qu’elle perdait son ancienne gaîté. « Qu’avez-vous donc ? lui demandai-je (je le savais aussi bien qu’elle) ; pourquoi cet air morose qui maintenant ne vous quitte plus ? En vérité, vous nous ferez vivre dans un tête-à-tête un peu triste. Je vous ai connu autrefois un caractère plus