Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/111

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au lieu d’en être touché, je fis tout ce qu’il fallait pour l’inquiéter davantage.

Je m’attendais, en revenant, à des reproches de sa part ; non seulement elle ne m’en fit pas, mais elle resta sombre et muette le lendemain et le jour suivant. Quand j’arrivais chez elle, elle venait à moi et m’embrassait ; après quoi, nous nous asseyions l’un en face de l’autre, préoccupés tous deux et échangeant à peine quelques paroles insignifiantes. Le troisième jour, elle parla, éclata en reproches amers, me dit que ma conduite était inexplicable, qu’elle ne savait qu’en penser, sinon que je ne l’aimais plus, mais qu’elle ne pouvait supporter cette vie, et qu’elle était résolue à tout plutôt que de souffrir mes bizarreries et mes froideurs. Elle avait les yeux pleins de larmes, et j’étais prêt à lui demander pardon, lorsqu’il lui échappa tout à coup quelques mots tellement amers que mon orgueil se révolta. Je lui répliquai sur le