Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/110

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joyeux, plus libre et plus ouvert ; il n’est guère flatteur pour moi de voir que je l’ai fait changer. Mais vous avez l’esprit claustral ; vous étiez née pour vivre au couvent. »

C’était un dimanche ; quand nous passâmes sur la promenade, Brigitte fit arrêter la voiture pour dire bonsoir à quelques bonnes amies, fraîches et braves filles de campagne qui s’en allaient danser aux Tilleuls. Après qu’elle les eut quittées, elle eut longtemps la tête à la portière ; son petit bal lui était cher ; elle porta son mouchoir à ses yeux.

Nous trouvâmes à la préfecture madame Daniel dans toute sa joie. Je commençai à la faire danser assez souvent pour qu’on le remarquât ; je lui fis mille compliments, et elle y répondit de son mieux.

Brigitte était en face de nous ; son regard ne nous quittait pas. Ce que j’éprouvais est difficile à dire ; c’était du plaisir et de la peine. Je la voyais clairement jalouse ; mais