Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/113

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— Je sais, lui dis-je, ce que c’est que vos souffrances. À quoi tient-il qu’elles ne se renouvellent à chaque pas que je ferai ? Je n’aurai bientôt plus la permission d’adresser la parole à une autre que vous. Vous feignez d’être maltraitée afin de pouvoir insulter vous-même. Vous m’accusez de tyrannie pour que je devienne un esclave ; puisque je trouble votre repos, vivez en paix ; vous ne me verrez plus. »

Nous nous quittâmes avec colère, et je passai un jour sans la voir. Le lendemain soir, vers minuit, je me sentis une telle tristesse que je ne pus y résister. Je versai un torrent de larmes ; je m’accablai moi-même d’injures que je méritais bien. Je me dis que je n’étais qu’un fou, et qu’une méchante espèce de fou, de faire souffrir la plus noble, la meilleure des créatures. Je courus chez elle pour me jeter à ses pieds.

En entrant dans le jardin, je vis sa chambre