Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

éclairée, et une pensée douteuse me traversa l’esprit. « Elle ne m’attend pas à cette heure, me dis-je ; qui sait ce qu’elle fait ? Je l’ai laissée en larmes hier ; je vais peut-être la retrouver en train de chanter, et ne se souciant pas plus de moi que si je n’existais pas. Elle est peut-être à sa toilette, comme l’autre. Il faut que j’entre doucement et que je sache à quoi m’en tenir. »

Je m’avançai sur la pointe du pied, et, la porte se trouvant par hasard entr’ouverte, je pus voir Brigitte sans être vu.

Elle était assise devant sa table, et écrivait dans ce même livre qui avait causé mes premiers doutes sur son compte. Elle tenait dans sa main gauche une petite boîte de bois blanc qu’elle regardait de temps en temps avec une sorte de tremblement nerveux. Je ne sais ce qu’il y avait de sinistre dans l’apparence de tranquillité qui régnait dans la chambre. Son secrétaire était ouvert, et plusieurs