Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/125

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d’elles près de moi ! Ah ! mon enfant, c’est là le plus cruel. J’aime mieux te voir, injuste et furieux, me reprocher des crimes imaginaires et te venger sur moi du mal que t’a fait ta première maîtresse, que de trouver sur ton visage cette affreuse gaîté, cet air de libertin railleur qui vient tout à coup à se poser comme un masque de plâtre entre tes lèvres et les miennes. Dis-moi, Octave, pourquoi cela ? pourquoi ces jours où tu parles de l’amour avec mépris, et où tu railles si tristement jusqu’à nos épanchements les plus doux ? Quel empire avait donc pris sur tes nerfs irritables cette vie affreuse que tu as menée, pour que de pareilles injures flottent encore malgré toi sur tes lèvres ? Oui, malgré toi, car ton cœur est noble ; tu rougis toi-même de ce que tu fais ; tu m’aimes trop pour n’en pas souffrir, parce que tu vois que j’en souffre. Ah ! je te connais maintenant. La première fois que je t’ai vu ainsi,