Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/135

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dit ce triste mot : “Fais-toi un habit de taffetas changeant, car ton cœur est semblable à l’opale aux mille couleurs.” Et moi, Octave, ajouta-t-elle en me montrant sa robe de deuil, je suis vouée à une seule couleur et pour longtemps : je n’en changerai plus.

— Quittez le pays si vous voulez ; ou je me tuerai, ou je vous suivrai. Ah ! Brigitte, continuai-je en me mettant à genoux devant elle, vous avez pensé que vous étiez seule en voyant mourir votre tante ! C’est la plus cruelle punition que vous puissiez m’infliger ; jamais je n’ai senti avec plus de douleur la misère de mon amour pour vous. Il faut que vous rétractiez cette pensée horrible ; je la mérite, mais elle me tue. Ô Dieu ! serait-ce vrai que je compte pour rien dans votre vie, ou que je n’y suis quelque chose que par le mal que je vous fais ?

— Je ne sais, dit-elle, qui s’occupe de