Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/136

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nous ; il s’est répandu depuis quelque temps, dans ce village et dans les environs, des discours singuliers. Les uns disent que je me perds ; on m’accuse d’imprudence et de folie ; les autres vous représentent comme un homme cruel et dangereux. On a fouillé, je ne sais comment, jusque dans nos plus secrètes pensées ; ce que je croyais savoir seule, ces inégalités dans votre conduite et les tristes scènes auxquelles elles ont donné lieu, tout cela est connu ; ma pauvre tante m’en a parlé, et il y a longtemps qu’elle le savait sans en rien dire. Qui sait si tout cela ne l’a pas fait descendre plus vite, plus cruellement, dans le tombeau ? Lorsque je rencontre à la promenade mes anciennes amies, elles m’abordent froidement ou s’éloignent à mon approche ; mes chères paysannes elles-mêmes, ces bonnes filles qui m’aimaient tant, lèvent les épaules le dimanche, lorsqu’elles voient ma place vide