Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ô assassin ! ô bourreau ! prends garde ! il s’agit de vie et de mort. »

Ainsi je me parlais à moi-même ; puis je vis sur un coin du sofa une petite robe de guingan rayé, déjà pliée pour entrer dans la malle. Elle avait été le témoin de l’un des seuls de nos jours heureux. Je la touchai et la soulevai.

« Moi, te quitter ! lui dis-je ; moi, te perdre ! Ô petite robe ! tu veux partir sans moi ?

« Non, je ne puis abandonner Brigitte ; dans ce moment, ce serait une lâcheté. Elle vient de perdre sa tante ; la voilà seule ; elle est en butte aux propos de je ne sais quel ennemi. Ce ne peut être que Mercanson ; il aura sans doute raconté son entretien avec moi sur Dalens, et, me voyant jaloux un jour, il en aura conclu et deviné le reste. Assurément c’est cette couleuvre qui vient baver sur ma fleur bien-aimée. Il faut d’abord que je l’en punisse, il faut ensuite que