Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/142

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je répare le mal que j’ai fait à Brigitte. Insensé que je suis ! je pense à la quitter lorsqu’il faut lui consacrer ma vie, expier mes torts, lui rendre en bonheur, en soins et en amour, ce que j’ai fait couler de larmes de ses yeux ! lorsque je suis son seul appui au monde, son seul ami, sa seule épée ! lorsque je dois la suivre au bout de l’univers, lui faire un abri de mon corps, la consoler de m’avoir aimé et de s’être donnée à moi !

« Brigitte ! m’écriai-je en rentrant dans la chambre où elle était restée, attendez-moi une heure et je reviens.

— Où allez-vous ? demanda-t-elle.

— Attendez-moi, lui dis-je, ne partez pas sans moi. Souvenez-vous des paroles de Ruth : « En quelque lieu que vous alliez, votre peuple sera mon peuple, et votre Dieu sera mon Dieu ; la terre où vous mourrez me verra mourir, et je serai ensevelie où vous le serez. »

Je la quittai précipitamment, et je courus