Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/155

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visites dans les environs, pour tâcher d’entendre un mot positif que j’eusse pu regarder comme une insulte, afin d’en demander raison. J’écoutais avec attention tout ce qui se disait à voix basse dans un salon où je me trouvais ; mais je ne pouvais rien saisir ; pour me déchirer à son aise, on attendait que je fusse parti. Je rentrais alors au logis, et je disais à Brigitte que tous ces contes n’étaient que des misères et qu’il fallait être fou pour s’en occuper ; qu’on parlerait de nous tant qu’on voudrait, et que je n’en voulais rien savoir.

N’étais-je point coupable au-delà de toute expression ? Si Brigitte était imprudente, n’était-ce pas à moi de réfléchir et de l’avertir du danger ? Tout au contraire, je pris, pour ainsi dire, le parti du monde contre elle.

J’avais commencé par me montrer insouciant ; j’en vins bientôt à me montrer méchant. « Vraiment, disais-je à Brigitte, on dit