Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/157

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j’en doutai véritablement, et dès que j’en doutai, je n’y crus pas.

J’en venais à me figurer que Brigitte me trompait, elle que je ne quittais pas une heure par jour ; je faisais quelquefois à dessein des absences assez longues, et je convenais avec moi-même que c’était pour l’éprouver ; mais au fond ce n’était que pour me donner, comme à mon insu, sujet de douter et de railler. Alors j’étais content lorsque je lui faisais remarquer que, bien loin d’être encore jaloux, je ne me souciais plus de ces folles craintes qui me traversaient autrefois l’esprit ; bien entendu que cela voulait dire que je ne l’estimais pas assez pour être jaloux.

J’avais d’abord gardé pour moi-même les remarques que je faisais ; je trouvai bientôt du plaisir à les faire tout haut devant Brigitte. Sortions-nous pour une promenade : « Cette robe est jolie, lui disais-je ; telle fille de mes amies en a, je crois, une pareille. » Étions-