Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/161

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et d’ironie prenaient un caractère sombre et intraitable. J’avais, au milieu de mes folies, de véritables accès de fièvre, qui me frappaient comme des coups de foudre ; je m’éveillais tremblant de tous mes membres et couvert d’une sueur froide. Un mouvement de surprise, une impression inattendue me faisait tressaillir jusqu’à effrayer ceux qui me voyaient. Brigitte, de son côté, quoiqu’elle ne se plaignît pas, portait sur le visage des marques d’une altération profonde. Quand je commençais à la maltraiter, elle sortait sans mot dire et s’enfermait. Dieu merci, je n’ai jamais porté la main sur elle ; dans mes plus grands accès de violence, je serais plutôt mort que de la toucher.

Un soir, la pluie fouettait les vitres ; nous étions seuls, les rideaux fermés. « Je me sens d’humeur joyeuse, dis-je à Brigitte, et cependant ce temps horrible m’attriste malgré moi. Il ne faut pas nous laisser faire, et, si vous