Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/162

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êtes de mon avis, nous nous divertirons en dépit de l’orage. »

Je me levai et j’allumai toutes les bougies qui se trouvaient dans les flambeaux. La chambre, assez petite, en fut tout à coup éclairée comme d’une illumination. En même temps, un feu ardent (nous étions à l’hiver) y répandait une chaleur étouffante. « Allons, dis-je, qu’allons-nous faire en attendant qu’il soit temps de souper ? »

Je pensai qu’alors, à Paris, c’était le temps du carnaval. Il me sembla voir passer devant moi les voitures de masques qui se croisent aux boulevards. J’entendais la foule joyeuse se renvoyer à l’entrée des théâtres mille propos étourdissants ; je voyais les danses lascives, les costumes bariolés, le vin et la folie ; toute ma jeunesse me fit bondir le cœur.

« Déguisons-nous, dis-je à Brigitte. Ce sera pour nous seuls ; qu’importe ? Si nous n’avons pas de costumes, nous avons de quoi nous