Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« N’est-ce pas le recueil de vos pensées ? demandai-je en étendant le bras et en le prenant. Si ce n’est pas une indiscrétion, laissez-moi y jeter les yeux. »

J’ouvris le livre, quoique Brigitte fît un geste pour m’en empêcher ; à la première page, je tombai sur ces mots : Ceci est mon testament.

Tout était écrit d’une main tranquille ; j’y trouvai d’abord un récit fidèle, sans amertume et sans colère, de tout ce que Brigitte avait souffert par moi, depuis qu’elle était ma maîtresse. Elle annonçait une ferme détermination de tout supporter tant que je l’aimerais, et de mourir quand je la quitterais. Ses dispositions étaient faites ; elle rendait compte, jour par jour, du sacrifice de sa vie. Ce qu’elle avait perdu, ce qu’elle avait espéré, l’isolement affreux où elle se trouvait jusque dans mes bras, la barrière toujours croissante qui s’interposait entre nous, les