Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/165

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cruautés dont je payais son amour et sa résignation, tout cela était raconté sans une plainte ; elle prenait à tâche, au contraire, de me justifier. Enfin elle arrivait au détail de ses affaires personnelles et réglait ce qui regardait ses héritiers. C’était par le poison, disait-elle, qu’elle en finirait avec la vie. Elle mourrait de sa propre volonté, et défendait expressément que sa mémoire servît jamais de prétexte à quelque démarche contre moi. « Priez pour lui ! » telle était sa dernière parole.

Je trouvai dans l’armoire, sur le même rayon, une petite boîte que j’avais déjà vue, pleine d’une poudre fine et bleuâtre, semblable à du sel.

« Qu’est-ce que c’est que cela ? » demandai-je à Brigitte en portant la boîte à mes lèvres. Elle poussa un cri terrible et se jeta sur moi.

« Brigitte, lui dis-je, dites-moi adieu. J’emporte cette boîte ; vous m’oublierez et vous vivrez, si vous voulez m’épargner un meurtre.