Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/172

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tout fait changer de face ; la joie, l’espoir, la confiance, tout était revenu à la fois ; plus de chagrins, plus de querelles devant la pensée du départ prochain. Il ne s’agissait plus que de rêves de bonheur, de serments d’aimer à jamais ; je voulais enfin pour tout de bon faire oublier à ma chère maîtresse tous les maux qu’elle avait soufferts. Comment aurais-je pu résister à tant de preuves d’une affection si tendre et à une résignation si courageuse ? Non seulement Brigitte me pardonnait, mais elle s’apprêtait à me faire le plus grand sacrifice et à tout quitter pour me suivre. Autant je me sentais indigne du dévouement qu’elle me témoignait, autant je voulais à l’avenir que mon amour l’en récompensât ; enfin mon bon ange avait triomphé, et l’admiration et l’amour prenaient le dessus dans mon cœur.

Inclinée près de moi, Brigitte cherchait sur la carte le lieu où nous allions nous ensevelir ;